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Sélectivité Alimentaire et Autisme : définition et conseils ©

Comment réagir face à des troubles du comportement alimentaire ? Voilà une question qui peut préoccuper bien des parents… Vous-même, vous connaissez un enfant diagnostiqué avec un trouble du spectre autistique qui présente des habitudes alimentaires que vous jugez curieuses ? Ainsi, il refuse d’avaler des aliments présentant certaines textures ou, au contraire, il ne mange que des mets d’une certaine couleur ? Avant de vous inquiéter, posez-vous la question : ces particularités alimentaires risquent-t-elles d’impacter sa santé ? En fonction de la réponse obtenue, le comportement à adopter ne sera pas le même. Pour savoir ce qu’est la sélectivité alimentaire dans l’autisme et comment y réagir, voici quelques pistes !

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Sélectivité alimentaire et autisme : quelques points clés

 

Définition

La sélectivité alimentaire, ou néophobie alimentaire, est un refus d’ingérer certains types d’aliments.

Chez la personne avec autisme, cette sélectivité alimentaire peut prendre une forme autrement plus inquiétante. Le nombre d’aliments rejetés peut ainsi devenir très important (et le refus, catégorique).

On parle alors d’hypersélectivité alimentaire. Le tri des aliments se fait selon leur goût, leur odeur, leur couleur, leur texture ou leur forme (ou plusieurs de ces critères à la fois, selon l’individu). Vous connaissez un enfant autiste qui refuse de manger autre chose que des yaourts au lait de vache ? Il accepte de manger des courgettes crues, mais refuse de les consommer cuites ? Dans un cas comme dans l’autre, ce comportement pourrait bien devenir une source d’inquiétude.

Troubles de l’oralité et réflexes nauséeux : qu’est-ce c’est ?

Peut-être avez-vous déjà entendu parler de « troubles de l’oralité » et de « réflexes nauséeux », sans savoir ce que ces termes évoquaient précisément ?

Les troubles de l’oralité sont l’ensemble des troubles liés à l’alimentation et au langage. Un enfant avec autisme peut présenter des particularités dans ces deux domaines. Néanmoins, ici, nous ne discutons que des problèmes alimentaires qu’il pourrait rencontrer.

Quant aux réflexes nauséeux, il s’agit de comportements non volontaires qui se déclenchent suite à un très fort dégoût. Ce réflexe peut même parfois amener à des vomissements ! Par exemple, en forçant un enfant à manger un aliment qu’il refuse pourtant de manière catégorique, ce réflexe pourrait bien apparaître.

Exemples de situations

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Le moment du repas approche et vous sentez votre appréhension revenir au galop : l’enfant va-t-il enfin manger   suffisamment ? Ou allez-vous encore devoir argumenter et insister pour qu’il ingère le contenu de son assiette ?

En effet, consommer une variété et une quantité suffisante de nourriture est essentiel pour conserver un bon équilibre alimentaire et combler tous les besoins nutritionnels de l’enfant. Et ce, d’autant plus que ce dernier est en pleine croissance !

 

Pourtant, vous pourriez bien rencontrer les situations suivantes, typiques d’une hypersélectivité alimentaire autistique :

  • l’enfant trie ses aliments et refuse les mélanges ;

  • il n’accepte qu’un certain type de mets ;

  • il a un répertoire alimentaire (très) restreint ;

  • il refuse de goûter de nouveaux aliments, son rejet pouvant être violent (il pourrait ainsi jeter son assiette de la table) ;

  • il refuse la moindre modification d’un aliment ;

  • il met une grande quantité de nourriture dans sa bouche d’un coup et ne mâche pas.

 

Avant de savoir comment réagir face à ces troubles du comportement alimentaire, en comprendre les causes vous permettra d’avoir davantage d’outils pour y faire face.

Troubles de l’alimentation chez la personne avec TSA : causes et conséquences

 

Origine des troubles de l’alimentation

Le saviez-vous ? La sélectivité alimentaire dans l’autisme est très courante : près de 75 % des personnes avec un TSA présentent de tels troubles alimentaires, selon les auteurs d’une étude de 2010. Heureusement, seuls 20 à 30 % de ces enfants vont conserver ces troubles en passant à l’âge adulte. De quoi rassurer un certain nombre de personnes.

Contrairement à certaines idées reçues, les troubles du comportement alimentaire peuvent toucher aussi bien des tout petits et des enfants que des adolescents et des adultes. On en retrouve même chez le nourrisson !

Les causes de ces troubles de l’alimentation sont nombreuses. Chez les enfants avec autisme, néanmoins, elles sont souvent liées à leurs particularités sensorielles. En effet, les repas étant multisensoriels, ces moments peuvent devenir complexes à appréhender.

C’est pourquoi la sélection de la nourriture se fait selon :

  • l’aspect visuel (couleur, texture, forme, apparence) ;

  • l’odeur ;

  • la température ;

  • la sensation en bouche (texture, goût) ou à l’oreille.

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Mais d’autres causes peuvent venir expliquer cette hypersélectivité, comme :

  • une expérience désagréable dans le passé. Par exemple, un réflexe nauséeux, un mauvais souvenir qui serait associé à cet aliment ou cette odeur particulière, une intoxication alimentaire, etc. ;

  • une cécité contextuelle. Plusieurs enfants autistes ont du mal à prendre en compte le contexte pour analyser une information. Ainsi, la courgette cuite sera, aux yeux de l’enfant, un aliment différent de la courgette crue, expliquant son rejet dans un cas mais pas dans l’autre ;

  • des causes physiques, comme des difficultés pour déglutir, des intolérances invisibles, des problèmes digestifs, etc.

Cette sélection varie beaucoup et elle peut ainsi être légère comme sévère, passagère comme persistante. Que l’enfant soit verbal ou non, il s’agit alors de mettre en place une communication efficace pour pouvoir identifier ce que le petit n’aime pas – et identifier des solutions adaptées.

Conséquences : quand faut-il s’inquiéter ?

La sélectivité alimentaire, parfois gênante pour une bonne intégration sociale, ne constitue pas toujours un problème pour la santé de l’enfant.

Aussi, ne cherchez pas absolument à faire manger à l’enfant avec autisme un aliment qu’il n’apprécie pas ! Accepter la différence est essentielle.

Néanmoins, si vous observez ou suspectez les conséquences suivantes, faites rapidement appel à un médecin :

  • perte de poids ;

  • déshydratation ;

  • malnutrition ;

  • problèmes de croissance.

Votre médecin généraliste est votre meilleur interlocuteur. Il vous réorientera vers le bon spécialiste pour :

  • évaluer les risques ;

  • identifier, avec vous, des solutions efficaces.

Comment agir sur l’hypersélectivité alimentaire des personnes autistes ?

Observer et évaluer les comportements alimentaires

Concrètement, que peut faire le médecin ?

Tout d’abord, il va identifier si cette sélectivité alimentaire ne vient pas de problèmes physiques. En effet, les enfants avec TSA peuvent éprouver des difficultés à mettre des mots sur leurs ressentis, même ceux ayant un bon niveau de communication verbale. Il est alors possible de passer à côté d’intolérances ou de maladies liées au système digestif.

Un orthophoniste et/ou un ergothérapeute pourraient également être de la partie : ces professionnels vont, notamment, évaluer l’état des praxies bucco-faciales (est-ce que l’enfant arrive à réaliser les bons mouvements lors de la mastication ?). Ils vont également réaliser un bilan sensoriel : est-ce que l’enfant ressent du plaisir en mangeant tel ou tel aliment ? Ou éprouve-t-il plutôt du dégoût ?

Quant au nutritionniste, il va réaliser un bilan des apports nutritionnels réels afin d’identifier d’éventuelles carences.

Les parents de l’enfant avec TSA, ainsi que ce dernier, ont également un rôle à jouer dans cette phase d’observation. En effet, ce sont eux qui vont fournir les données concernant le contexte environnemental (durée des repas, couverts adaptés ou non, hauteur de la table par rapport à la chaise, etc.), les comportements durant les repas (ainsi que les sensations éprouvées), etc.

Activer le renforcement positif

En fonction des résultats des différents bilans de santé, et si cela s’avère nécessaire, certaines solutions sont à mettre en place.

En particulier, le renforcement positif permet d’associer le repas, ou l’ingestion de certains aliments, à un moment agréable. Il s’agit de féliciter l’enfant ayant réussi à mettre en bouche, voire à avaler, un certain type de nourriture en :

  1. lui donnant quelque chose qu’il adore (ce peut aussi bien être un aliment qu’un objet) ;

  2. réagissant de manière immédiate et proportionnée à l’effort ;

  3. diminuant la récompense dans le temps, selon les progrès de l’enfant

Désensibiliser de manière progressive

Une autre manière de réagir concerne l’habituation, ou la désensibilisation. Le but ? Rendre un contexte sensoriel désagréable plus acceptable.

Attention néanmoins : si la personne présente un rejet très violent (comme une sensation de nausée), il sera sans doute difficile de lui faire accepter cette sensation désagréable. L’effet contraire à celui attendu pourrait même être obtenu !

Aussi, la désensibilisation est une procédure qui n’est pas adaptée à toutes les situations. Pour savoir quand la mettre en œuvre, en discuter avec des professionnels de santé ainsi qu’avec la personne concernée est essentiel.

Il s’agit alors de :

  • modifier les attentes de l’enfant par micro-étapes. En effet, aller trop vite peut anéantir de nombreux efforts, c’est pourquoi nous conseillons de faire preuve de patience ;

  • exposer aux aliments non appréciés de façon multiple et autocontrôlée par l’enfant

  • utiliser des outils adaptés, notamment au niveau des couverts ;

  • solliciter les sens les uns après les autres. Commencez d’abord par habituer l’enfant ou adolescent à la vue de l’aliment, à l’odeur, puis à son toucher. Ensuite, le contact avec les lèvres ou la langue peut se faire, avant que l’enfant n’accepte de mettre l’aliment en bouche. La dernière étape consiste à avaler.

Agir sur la cécité contextuelle

Nous l’avons déjà évoqué plus haut : si un aliment change d’aspect (dans la manière dont il est découpé, cuit, etc.), l’enfant pourrait ne pas le reconnaître et le refuser.

Certes, il peut aimer les courgettes crues (croquantes). Cela ne signifie pas pour autant qu’il les appréciera cuites (fondantes).

Pour agir sur cette cécité contextuelle, n’hésitez pas à :

  • entraîner la personne avec TSA à voir l’aliment sous différentes formes ;

  • bien structurer l’environnement lié aux repas, en mettant en place des routines qui contribuent à diminuer l’anxiété éprouvée par la personne au moment des repas et à mieux accepter certains aliments.

La sélectivité alimentaire dans l’autisme est une problématique complexe et multifactorielle. Il ne s’agit pas d’un caprice de l’enfant avec autisme : au contraire, ces troubles de l’alimentation sont souvent les symptômes d’autres difficultés, telles que des intolérances alimentaires ou des troubles sensoriels importants. Aussi, ne restez pas seul·e avec vos inquiétudes ! Réaliser un diagnostic précis des causes de ces troubles avec un ou plusieurs spécialistes vous permettra non seulement d’y voir plus clair, mais aussi de trouver des solutions individualisées et adaptées à la personne. Vous vous demandez comment aider les personnes avec TSA à mieux gérer leur sensorialité ? Découvrez-en davantage sur leurs particularités sensorielles !

sous la direction de Virginie Klamm ©

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